LES PRINCIPALES CIVILISATIONS DU PEROU PREHISPANIQUE
Daniel LEVINEChargé du Département Amérique
MUSEE DE L'HOMME
Synonyme de richesses infinies et de  fabuleux trésors, le Pérou continue, comme par le passé, à exercer une  puissante fascination. Les diverses civilisations qui se sont épanouies au  Pérou entre le IIe millénaire avant notre ère et l'arrivée des Espagnols au  XVIe siècle laissèrent de nombreux vestiges, témoins d'un riche et brillant  passé.
	  Si nous sommes assez bien documentés sur la  dernière grande civilisation du Pérou préhispanique, celle des Incas, grâce aux  chroniques rédigées pendant et après la conquête, en ce qui concerne les  cultures précédentes, seule l'archéologie permet d'envisager une reconstitution  de l'histoire.
	  Dans ce domaine, bon nombre de vestiges  reposent depuis des siècles enfouis sous les sables des déserts côtiers, sous  le couvert des jungles ou sur les cimes des montagnes.
	  Les plus anciens vestiges témoignant d'une  activité humaine au Pérou remontent à 22.000 ans. L'homme préhistorique y  menait une vie de chasseur-nomade prélevant régulièrement sur l'environnement  ce dont il avait besoin pour assurer sa subsistance.
	  Vers 6000 av.J.C., l'homme commence à  opérer des collectes sélectives de plantes grâce à une expérience acquise au  cours des millénaires précédents. Les premiers pas vers l'agriculture et la  sédentarisation venaient d'être franchis. Aux environs de 4000 av.J.C., dans la  sierra, débute la domestication des lamas.
L'émergence des premiers centres urbains (1800/400 av.J.C.)
Lorsque la production agricole devient  l'activité communautaire principale, sur laquelle repose l'économie de  subsistance, les individus se sédentarisent et se regroupent en villages. Entre  2500 et 1800 av.J.C., la vie villageoise s'organise autour d'agglomérations  devenues plus importantes et les premiers édifices publics sont érigés. Cette  période se caractérise par l'émergence des premiers centres administratifs et  cérémoniels et par l'apparition de la céramique vers 1800 av.J.C. La première manifestation  d'un phénomène de civilisation unificateur apparaît vers 1500 av.J.C. dans le  nord de la cordillère blanche à Chavin de Huantar. La civilisation de Chavin  est le point de convergence de divers courants culturels originaires de la  côte, de la sierra et du versant amazonien.
	  L'épanouissement de cette synthèse  civilisatrice se situe entre 1200 et 400 av.J.C.. Au cours de cette période, le  centre cérémoniel de Chavin de Huantar diffuse sur l'ensemble du Pérou une  série de manifestations qui unifient culturellement le pays. Pendant plusieurs  siècles, les modèles religieux et stylistiques générés par Chavin, se répandent  dans tout le pays et servent, par la suite, de fondement à de nombreuses  expressions culturelles.
	  Les vestiges du site témoignent encore de  la grandeur de cette première période d'homogénisation du Pérou préhispanique.  Les différents édifices révèlent plusieurs étapes de construction. Le site qui  comprend des ensembles de places, de plates-formes, de pyramides, est surtout  célèbre pour la grande sculpture représentant une divinité mi-animale,  mi-humaine, découverte à la croisée d'un vaste labyrinthe dont les souterrains  s'étendent sous le temple du Lanzon. On peut avoir une idée de l'architecture  de Chavin de Huantar généralement à l'écart des circuits touristiques  traditionnels, grâce à la reconstitution du Lanzon, présentée au Musée de la  Nation de Lima.
	  C'est avec Chavin que se mettent en place  les principaux schémas de civilisation qui caractérisent toutes les cultures de  l'ancien Pérou jusqu'à la conquête espagnole du XVIe siècle. Parmi ces modèles,  la figure d'un dieu brandissant un bâton dans chaque main traversera les  siècles avec des variantes stylistiques, jusqu'à l'époque Inca où il  s'appellera Viracocha. Une de ses représentations les plus connues est celle  qui apparaît au centre de la Porte du Soleil de Tiahuanaco.
	  C'est cette image qu'Hergé reproduit dans  son album le "Temple du soleil" dans lequel Tintin s'aventure au pays  des Incas. L'effritement de l'unité instaurée par Chavin vers 400 av.J.C.  suscite l'émergence de particularismes régionaux qui, jusqu'à 600 de notre ère,  vont dominer l'histoire du Pérou.
Les grandes civilisations côtières (300 av.J.C./600 ap.J.C.)
Parmi ces manifestations régionales, les  plus importantes sont celles de Vicus (500 av.J.C./500 ap.J.C.) et des Mochica  (200 av.J.C./600 ap.J.C.) au nord et les cultures Paracas et Nasca au sud. Dans  les deux zones, l'art de la poterie connaît un développement spectaculaire mais  distinct. Le décor des céramiques est au nord essentiellement modelé, bichrome,  avec une anse en forme d'étrier héritée de Chavin. En revanche dans le sud, il  est peint selon une grande palette de couleurs. Les peuples au Nord se  distinguèrent dans le travail des métaux (or, argent, cuivre, bronze) et ceux  de la côte sud dans l'art des textiles qui culmine avec les grands tissus de  Paracas.
	  Les peuples côtiers qui se sont fixés  autour des oasis fluviales développèrent les systèmes d'irrigation afin de  gagner sur le désert des terres de cultures. Au nord, les guerriers Mochica  étendent leur pouvoir sur plusieurs vallées. Ils bâtissent des cités en briques  d'adobe qui sont à la fois des centres cérémoniels et administratifs. Dans la  vallée de Moche, les deux pyramides du Soleil et de la Lune nécessitèrent une  imposante main d'oeuvre contrôlée et organisée par une puissante élite  dirigeante. Les édifices cérémoniels étaient souvent ornés de grandes fresques  polychromes comme celles découvertes sur le centre de Panamarca ou, plus  récemment, à El Brujo. En 1989, à Sipan, dans la région de Lambayeque et, pour  la première fois, des archéologues peuvent scientifiquement fouiller la tombe  d'un seigneur mochica inhumé au pied d'une pyramide avec tous ses trésors. Deux  grandes reconstitutions de cette sépulture royale, sur le site même et au Musée  de la Nation à Lima, donnent une idée du faste dont s'entouraient les seigneurs  mochica dans l'au-delà. Le cercueil des souverains au centre est entouré de  serviteurs, de femmes, de centaines de poteries et d'objets en or, en argent ou  en cuivre. Les représentations de l'art mochica révèlent un monde où la guerre  jouait un rôle important. Le sacrifice humain semble avoir été étroitement  associé aux rituels guerriers et funéraires.
	  En l'absence d'écriture, les céramiques  mochica constituent une véritable encyclopédie illustrée de la vie quotidienne  et des croyances. Le Musée Rafael Larco Herrera à Lima, avec ses milliers de  céramiques, soigneusement classées par période et par thème, en est un des plus  beaux volumes.
	  Sur la côte sud, dans la région de Paracas,  au VIIIe siècle avant notre ère, des hommes ensevelissent leurs morts dans des  fardos funéraires regroupés en nécropoles. Les corps, assis en position foetale  dans une corbeille, sont soigneusement entourés de plusieurs enveloppes  textiles. les plus beaux tissus sont des grandes pièces brodées d'une étonnante  polychromie. La culture Paracas a été divisée en deux phases selon la forme des  tombes : la plus ancienne dite "Cavernas", les fardos ayant été  déposés dans des grottes souterraines auxquelles on accède par un puits et, la  suivante dite "Necropolis", les fardos ayant été ensevelis  collectivement dans des petites maisons souterraines regroupées en nécropoles.  La phase Paracas Cavernas reçoit l'influence de Chavin de Huantar comme le  révèlent certains décors céramiques, ornées de motifs polychromes réalisés  après cuisson avec des pâtes résineuses et soulignés par des incisions.
	  Vers 300 av.J.C., la culture Paracas est  relayée par celle de Nasca (300 av.J.C./600 ap.J.C.). En réalité, il n'existe  aucune rupture fondamentale entre Paracas et Nasca. La richesse de la  polychromie apparue sur les tissus Paracas, se retrouve sur les poteries de  Nasca. Leur forme se caractérise par la présence de deux goulots reliés par une  anse et par un décor essentiellement peint.
	  Les ruines du centre de Cahuachi témoignent  de l'importante population qui vivait dans cette région. Mais ce sont surtout  les géoglyphes de Nazca qui firent la renommée de cette culture. Immenses  motifs naturalistes ou lignes droites inscrites dans le sol. Ils furent  réalisés en enlevant les pierres sombres de la pampa laissant apparaître le  gypse clair. En survolant en avionnette la vallée du rio Ingenio, il est  possible de découvrir ces grands dessins, vraisemblablement en relation avec le  calendrier, les alignements étant plutôt des visées astronomiques. En  embarquant dans la baie de Paracas, pour se rendre aux Iles de Chincha, on  aperçoit sur la falaise d'un îlot, un grand motif vertical appelé "chandelier",  qui devait probablement servir de repère à la navigation. Des repères  topographiques verticaux existent également plus au sud ; ils permettaient aux  caravanes de se guider dans le désert côtier du Chili septentrional.
HUARI-TIAHUANACO, un premier état andin (600/1000 ap.J.C.)
Au IVe siècle de notre ère, le grand centre  religieux de Tiahuanaco, sur les rives du Lac Titicaca, connaît son plein  épanouissement. A partir du Ve siècle, son influence déborde la région du haut  Plateau et s'étend sur le Pérou méridional. L'art de Tiahuanaco se caractérise  par un développement exceptionnel de l'architecture et de la sculpture en  pierre.
	  Vers 600 de notre ère, la cité de Huari,  près d'Ayacucho, influencée à la fois par Tiahuanaco et Nasca, connaît un essor  spectaculaire grâce au commerce et à sa puissance militaire. Pour avoir si  largement diffusé les conceptions et l'iconographie religieuses de Tiahuanaco,  la période qui va de 600 à 1000 est appelée horizon Huari-Tiahuanaco.  L'hégémonie de Huari est telle que le Pérou apparaît unifié culturellement pour  la seconde fois et politiquement sous l'autorité d'un pouvoir centralisateur  fort, pour la première fois. La production artistique est dominée par des  motifs iconographiques originaires de Tiahuanaco, comme la figure du dieu aux  bâtons, par une géométrisation des dessins allant parfois jusqu'à les rendre  inintelligibles et par une production quantitative dans tous les domaines. De  grands centres urbains et administratifs entourés de murailles sont érigés sur  l'ensemble du pays. En dehors de la capitale, Huari, dont les ruines se  dressent encore à 25 km  au nord-est d'Ayacucho, deux grands sites témoignent encore de la splendeur de  cette époque : Pikillacta dans la région du Cuzco et Viracocha Pampa à  Cajamarca. Le vieux sanctuaire de Pachacamac, près de Lima sur la côte  centrale, connut durant l'époque Huari, un développement particulier et devint  l'un des plus importants centres du pèlerinage du pays. Huari apparaît comme  une préfiguration du futur empire inca.
	  Vers l'an 1000, la puissance unificatrice  de Huar i décline et on assiste sur l'ensemble du territoire péruvien à un  réveil des identités culturelles régionales, cette fois-ci plus fortes. Une des  plus importantes manifestations de ces résurgences régionales est celle de  l'état chimu sur la côte nord du Pérou, sur le territoire où s'était épanouie  la civilisation mochica.
Cités-Etat et royaumes conquérants (1000/1400 ap.J.C.)
Les nouvelles entités socio-politiques qui  se mettent en place, comme l'état chimu, sont mieux organisées que lors de la  phase régionale précédente (Mochica, Nasca) et dotées d'un appareil militaire  puissant. 
	  L'économie du royaume chimu reposait essentiellement sur  l'agriculture. Pour cultiver les vallées arides de la côte nord, les souverains  chimu firent construire un vaste réseau d'irrigation permettant de contrôler  l'utilisation de l'eau. Lors de sa période d'apogée, l'état chimu contrôlait un  territoire qui s'étendait de la frontière équatorienne au nord à la côte  centrale. Les agglomérations s'agrandirent et de nouvelles cités furent bâties  comme la capitale Chan Chan, vaste cité de terre dont les vestiges s'étendent  sur une superficie de 20 km2, à proximité de l'actuelle ville de Trujillo. le  centre de la ville est organisé en neuf ensembles, appelés  "citadelles" à cause des grandes murailles de terre qui les  délimitent. Chacune comprend des palais et des grandes places, aux murs ornés  de bas-reliefs en argile, des unités d'habitation, des entrepôts, des citernes  et une aire funéraire. Il est probable que chaque souverain Chimu ait voulu  bâtir son propre palais. A proximité de Chan Chan se dresse encore la Huaca del  Dragon, pyramide à rampe célèbre pour ses magnifiques bas-reliefs d'argile.
	  Dans tous les domaines, l'art de cette période  se caractérise par une production de masse. En règle générale, les poteries  chimu sont noires. Fidèle à la tradition céramiste du nord, le décor est modelé  ou imprimé sur l'argile. Le travail des métaux se caractérise par un  développement spectaculaire et les orfèvres chimu avaient acquis une grande  renommée dans la maîtrise de leur art. Dans la région de Lambayeque, la  seigneurie de Sican se distingue tout particulièrement dans l'orfèvrerie et la  métallurgie. Les artistes produisirent des oeuvres combinant plusieurs métaux  comme l'or et l'argent. En 1460, l'état  chimu sera conquis par les armées de l'empire inca.
	  Simultanément, sur la côte centrale au nord  de Lima, la culture Chancay qui se développe dans la vallée du même nom,  représente la manifestation régionale la plus importante. Elle est  essentiellement connue pour ses nécropoles où les momies étaient accompagnées  d'offrandes constituées de céramiques au décor marron foncé sur crème et  surtout de textiles. Les tissus chancay reflètent toutes les connaissances des  anciens péruviens en matière de tissage avec une abondance de gazes, de  vêtements ornés de plumes multicolores et de tissus peints qui témoignent d'une  production de masse.
	  Sur la côte sud, la culture Ica-chincha  connut un essor remarquable grâce au commerce à longue distance vers l'Equateur  au nord, le Chili au sud et les hautes terres à l'est. Cette région fut  conquise par les Incas et annexée à l'Empire.
	  Dans les hautes terres, lors du déclin de  Huari, des chefferies guerrières s'organisent en états indépendants qui, dans  aucun domaine, ne peuvent rivaliser avec la splendeur et la puissance des états  côtiers. Au XVe siècle, lors de l'expansion de l'empire inca, toutes ces  chefferies furent intégrées à l'empire. Parmi les plus importantes, l'histoire  a retenu celles des Huanca qui, dès le IXe siècle, occupent les provinces  actuelles de Jauja, Huancayo et Concepcion, des chancas dont le territoire  s'étendait des monts Huanta (Ayacucho) au rio Apurimac et les chefferies du lac  Titicaca dans les hauts plateaux du sud. Les petits états lacustres de la  région de Titicaca possédaient en commun une même langue, l'Aymara et une  économie reposant essentiellement sur l'élevage de grands troupeaux de lamas et  d'alpacas. Les deux principales chefferies sont les Lupacas et les Collas,  célèbres pour leurs tours funéraires (chullpas) en pierre dont on peut voir de  très beaux exemples à Sillustani dans les environs de Puno.
	  L'archéologie et les chroniques de la  conquête fournissent très peu d'informations sur les peuples ayant vécu dans  les forêts du piémont amazonien au nord-est du Pérou. Les incas qui firent la  conquête de ces territoires s'opposèrent à plusieurs reprises aux Chachapoyas,  dont il subsiste quelques vestiges architecturaux, comme les murailles de  Cuelap où des nécropoles implantées dans des cavités naturelles inaccessibles.  Les morts étaient déposés dans de petites maisons de pierres liées au mortier,  édifiées dans les anfractuosités de falaises verticales. D'autres furent  inhumés en position assise enveloppés de peaux dans de grossiers sarcophages  d'argile, de cailloux et de bois, munis de tête stylisée et dressés  verticalement sur les corniches des falaises comme à Chipuric.
	  Dans le nord-est également, mais enfoui  dans la forêt tropicale, il faut mentionner le site d'El Abiseo ou Grand  Pajaten, d'accès très difficile. Seize édifices circulaires en pierres et  argile, aux murs ornés de bas-reliefs représentant des motifs zoomorphes et  anthropomorphes stylisés, témoignent de l'installation d'une colonie agricole  dans cette région.
L'Empire lnca (XIIle/XVIe Siècle)
La dernière période de l'histoire  préhispanique du Pérou est dominée par les Incas qui unifièrent le monde andin  de la frontière colombienne au nord, jusqu'au Chili central vers le sud.
	  L'origine des Incas demeure incertaine. Un  premier récit mythique les fait venir des environs du lac Titicaca et un autre  de la région du Cuzco. C'est au XIIIe siècle que les Incas font irruption sur  la scène historique de l'ancien Pérou. Leurs débuts sont modestes, après avoir  fondé la ville de Cuzco, les chefs de guerre (Sinchi) qui dirigent la tribu  consolident leur implantation vis-à-vis des populations déjà installées dans la  région. Simultanément, dans les actuels départements de Huancavelica, d'Ayacucho  et d'Apurimac, une autre confédération, celle des Chancas, s'organisait de  manière analogue avant de s'engager dans une guerre de conquête en direction du  Cuzco tout au début du XVe siècle. Alors que la situation semblait désespérée,  Yupanqui, fils de l'Inca Vitacocha, décide de défendre la capitale assiégée et  défait les Chancas. Il se fait proclamer souverain sous le nom de Pachacutec.
	  Avec Pachacutec, débute véritablement  l'histoire impériale des Incas. Il entame une série de conquêtes militaires qui  ne s'arrêteront qu'à l'arrivée des Espagnols. Il restructure l'organisation de  l'Etat et l'adapte aux dimensions de l'empire en pleine expansion. Le nouveau  système socio-politique et économique permet à une administration centralisée à  Cuzco d'exercer son contrôle sur toutes les provinces grâce à une multitude de  fonctionnaires. Un culte d'Etat, celui d'Inti, le soleil, est imposé ainsi que  la langue quechua.
	  Les peuples nouvellement intégrés à  l'empire et dont la soumission est instable sont déplacés et installés dans des  territoires très éloignés de leur région d'origine. Dans le domaine des arts,  sans supprimer les expressions régionales, les Incas imposent un style  spécifique et une production de masse. le génie inca trouve son plein  épanouissement dans l'architecture dont les majestueux vestiges continuent de  susciter une profonde admiration, tels ceux de Cuzco, de Sacsahyaman, la  puissante forteresse qui protégeait la capitale où les cités de la vallée  sacrée des Incas (Ollantaytambo, Machu Picchu).
	  Ce vaste empire, le plus grand de  l'Amérique préhispanique, a son talon d'Achille. L'immense territoire est  peuplé par une mosaïque de peuples différents, dont certains se rebellent  souvent contre l'autorité du Cuzco, constamment entraînée dans des campagnes  militaires de pacification. Dans un empire aussi structuré, il ne semble pas  avoir existé de règles précises de succession des souverains. La mort de l'Inca  draine régulièrement des luttes de pouvoir entre les prétendants. C'est  précisément dans une situation de ce type que se situe l'arrivée des Espagnols  conduits par Pizarro au Pérou. A la mort de l'Inca Huayna Capac ( en 1527 ou  1528), deux de ses fils Huascar et Atahualpa se disputent le trône. En 1532,  Atahualpa venant du nord marche sur Cuzco tenu par son frère Huascar. Au cours  d'une halte à Cajamarca dans le nord du Pérou, il consent à rencontrer Pizarro.  Le 16 Novembre 1532, lors de l'entrevue, Pizarro s'empare de la personne  d'Atahualpa dont les armées viennent de vaincre les forces de Huascar. Le glas  de l'empire inca venait de sonner.
	  Dans sa prison de Cajarmaca, l'Inca offre  une rançon de fabuleux trésors d'or et d'argent dont les conquistadores étaient  si avides. Alors que les richesses affluent de tout l'empire, Pizarro organise  un procès truqué et fait exécuter Atahualpa. Les Espagnols après s'être emparés  de Cuzco, installent sur le trône Manco Capac, un autre fils de l'Inca Huayna  Capac. D'abord souverain fantoche, il finira par se rebeller contre Pizarro.  Après un assaut manqué sur Cuzco, Manco Capac se lance dans une guerre d'usure  et d'embuscades à partir de places fortes comme Ollantaytambo dans la vallée  sacrée, puis de Vitcos dans les Andes de Vilcabamba. Les Espagnols, pour  maintenir leurs communications entre Lima et Cuzco, fondent la ville  d'Ayacucho. Dans le camp espagnol des conflits sanglants éclatent entre  partisans de Pizarro et d'Almagro. Le fils d'Almagro vaincu par les pizarristes  se réfugie avec quelques compagnons auprès de Manco Capac. Ils assassinèrent  l'Inca pensant probablement recouvrer les bonnes grâces du vice-Roi. L'ère de  la colonie venait de débuter.