La kena

 

La flûte droite est l’instrument le plus répandu chez les indiens d’Amérique. Elle existait chez les peuples précolombiens. Réalisée en roseau, en bambou, en os, en bois, en calebasse ou pétrie dans la terre, elle suivait jadis la gamme pentatonique. Elle était très présente dans toute la cordillère, à quelque niveau social que ce soit, du  paysan andin jusqu’aux prêtres du soleil.

Voici une des légendes autour de sa création. Un berger avait perdu sa bien-aimée dans la Puna; après une longue recherche, il a retrouvé ses os dans un ravin. Pour pleurer sa peine, il a taillé la première flûte andine dans un des tibias retrouvés, appelant ainsi l’esprit de la belle auprès de lui.

Les guerriers ne dédaignaient pas non plus de convertir en kena le tibia de l’ennemi vaincu, pour ainsi chanter sa propre force ou celle de l’adversaire respecté. Par extension , on utilisa les os de l ’animal qu’on chassait dans le sens où ayant mangé sa chair et percé ses os, on s’appropriait ainsi ses qualités ou valeurs symboliques.

Les conquistadores espagnols interdirent très vite cet instrument symbole de la culture indienne et introduisirent la flûte traversière indo-européenne et la flûte à bec qui ont donné à leur tour toute une série de flûtes : Ph’allas, Pinkillos, Mohocenos...

Parallèlement, la kena ne disparaît pas mais se perfectionne et exploite toutes les possibilités de formes et de profondeurs de son encoche dont dépend la sonorité de l’instrument. La kena mesure entre 30 et 40 centimètres de long et peut couvrir 3 octaves.